La production artistique à l’épreuve de la transformation écologique : un chantier spécifique et prioritaire pour le réseau des CDN
La transformation écologique de la société ne sera pas celle de l’efficience et de la technique : elle sera possible par un changement des représentations culturelles. Il est donc indispensable de donner la parole à des artistes en prise directe avec les enjeux contemporains.
Accompagner, soutenir, relayer la parole de ces artistes est essentiel. Il s’agit d’assurer une chambre d’échos des interrogations contemporaines, dans une diversité de points de vue, de propos, d’approches. C’est également un formidable endroit de recherche et de renouvellement des formes et des esthétiques.
La création constitue le cœur de mission, la raison d’être des Centre dramatiques nationaux. Le cahier des missions et des charges fait de la production artistique le point central du label. Pour assurer cette mission et accompagner durablement les projets des artistes, les CDN s’inscrivent dans un temps long et mobilisent à la fois des moyens, des compétences et de nombreux outils : ateliers de construction de décor, ateliers et stocks de costumes, espaces de répétition et de création, parcs techniques…
Mais que veut dire créer dans un contexte de contraintes écologiques ? Quelle responsabilité est-ce que cela engage, de la part de l’équipe artistique, de la part des co-producteurs ? Les contraintes constituent-elles des limites à la liberté artistique ? Faut-il changer les formes des projets artistiques ? Faut-il faire des renoncements ? Si oui, à quoi faut-il renoncer ? À certaines formes, à certaines tournées ? Aux rythmes de production ? À la mobilité internationale ? Qu’implique ce renoncement, en termes de création, en termes de diversité et de vitalité des équipes artistiques, en termes d’emplois ? Avec quel modèle économique ?
Comment partager cette décision collectivement ?
Comment la co-construire et non la subir ?
Chaque jour, dans les CDN, des solutions s’inventent autour de nouvelles modalités de production : réflexion sur les rythmes de création, allongement des durées de résidence, laboratoires et expérimentations, écoconception… ou de diffusion : allongement des séries, mutualisation de tournées, temps de présence plus long sur des territoires, choix des modalités de frêt et transport, re-création d’oeuvres, partenariats inter labels….
En poursuivant et développant ces expérimentations, il s’agit de faire émerger un cadre de travail et des engagements concrets, communs au label, à horizon 2024.