La parité dans les CDN : état des lieux, deux ans après la signature de la Charte

Des résultats encourageants, des moyens de production et coproduction paritaires, et la mise en place d’un outil d’observation spécifique au label

Après les premiers résultats publiés par l’ACDN à l’occasion de l’édition 2023 du Festival d’Avignon, le réseau consolide son engagement en 2024 sur deux niveaux :

  • celui de la transformation de ses pratiques, avec l’annonce de résultats positifs en termes de programmation et de moyens alloués
  • celui du développement de son travail d’observation, avec la mise en place d’un outil interne de recueil de données, adapté aux spécificités du label, seul moyen de s’assurer de la pérennité de l’évolution des pratiques du réseau en termes de parité.

Lors de l’Assemblée générale de l’ACDN du samedi 11 décembre 2021, les directrices et directeurs de Centres dramatiques nationaux ont décidé la mise en œuvre d’une charte de la Parité.

Elles et ils se sont alors engagés à réaliser un suivi chiffré de leurs pratiques, soulignant que c’était le seul moyen de faire évoluer la parité au sein du réseau et d’atteindre l’objectif d’offrir une même visibilité aux spectacles « mis en scène », « écrits et mis en scène » ou « conçus » par des femmes ou par des hommes.

Après un premier état des lieux de la parité dans les CDN publié en juillet 2023, le réseau a élaboré et mis en place en 2024 un outil d’observation de ses pratiques.

Les indicateurs retenus concernent l’activité et les missions des CDN qui relèvent de la responsabilité des artistes directeur·ices : la programmation et les moyens de production et coproduction.

Car si les dernières nominations à la direction de lieux permettent désormais au réseau d’afficher des chiffres proches de la parité (17 femmes directrices pour 18 hommes directeurs et 3 binômes mixtes), la charte et son évaluation relèvent quant à elles d’une volonté et d’un engagement des directeur.ices, ainsi que de l’implication concrète de l’ensemble des équipes du réseau.

L’état des lieux publié en juillet 2023 par l’ACDN soulignait que la parité était atteinte en termes de programmation et de distribution dès « l’année zéro » de la mise en place de la charte.

L’évaluation de 2024 confirme ce premier constat et la consolidation de la transformation des pratiques du réseau en termes de programmation : sur la saison 2023-2024, les spectacles portés par des femmes représentent 53 % des spectacles programmés et 55 % des représentations.

Pour autant, et malgré l’amélioration des chiffres entre les deux dernières saisons, la parité en ce qui concerne la jauge offerte à l’échelle du réseau n’est pas encore atteinte : 48,6 % seulement de la jauge totale est offerte à des spectacles portés par des femmes (47,6 % la saison précédente). Les artistes masculins sont donc encore programmés un peu plus souvent dans des jauges plus importantes.

De même, si la mise en scène est paritaire, l’étude 2024 souligne que l’écriture demeure encore majoritairement masculine : 63% des spectacles sont écrits par des hommes et 82% des metteurs en scène travaillent avec ou adaptent majoritairement des auteurs masculins. La question du genre du récit reste donc un axe d’amélioration considérable.

Quant à l’analyse et l’évaluation des moyens alloués en termes de production et coproduction, elle est désormais possible grâce à l’outil de recueil de données mis en place, qui reprend les spécificités du label de Centre dramatique national :

Sur l’exercice 2023* :

  • 50,1 % des apports en production déléguée du réseau concernent des projets portés par des femmes
  • 54 % des apports en coproduction du réseau concernent des projets portés par des femmes
  • Le montant des coproductions par projet est encore légèrement inférieur

(-1,2 % en moyenne) pour les projets coproduits portés par des femmes.

  • Au total, 52,5 % des moyens financiers de production et coproduction, à l’échelle du réseau, ont été alloués à des projets portés par des femmes.

* Les collectifs mixtes sont répartis à parts égales entre les hommes et les femmes. Les productions des artistes directeur.ices ne sont pas prises en compte